Oubliez votre appareil photo, emportez un yoyo : le secret d’un voyage authentique en Asie

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J’ai longtemps cru que voyager consistait à collectionner des lieux, à cocher des cases sur une carte du monde. J’avais un bon appareil photo, et ma mission était de capturer des paysages spectaculaires, des monuments grandioses. Mais au fil des ans, je me suis rendu compte que mes souvenirs les plus vifs n’étaient pas sur ma carte mémoire. C’étaient des éclats de rire, des conversations silencieuses, des regards échangés. J’ai compris que pour moi, le plus important en voyage n’est pas de « voir » des paysages, mais de « vivre » des rencontres.

C’est cette philosophie qui a radicalement changé ma façon de voyager lors d’un long périple en Asie du Sud-Est en 2007. Et l’outil de cette transformation ne fut pas une application de traduction ou un guide de voyage, mais une passion d’adolescent que je croyais oubliée : un simple yoyo.

Briser la glace à Bangkok

J’étais à Bangkok, au milieu du chaos fascinant du marché de Chatuchak. Comme beaucoup de touristes, j’étais un observateur, protégé par la bulle invisible du voyageur. Je prenais des photos, mais je ne connectais pas. Un après-midi, pour échapper à la foule, je me suis assis sur une caisse en bois et, un peu par hasard, j’ai sorti un yoyo acheté la veille.

J’ai commencé par quelques figures simples. Un « Sleeper », un « Walk the Dog ». Au début, rien. Puis, j’ai senti un regard sur moi. Le vieux marchand de l’échoppe d’en face, qui jusqu’alors m’avait semblé impassible, me regardait avec un léger sourire. Je lui ai souri en retour et ai continué. Il s’est approché. Il ne parlait pas français, à peine anglais, mais il a pointé le yoyo du doigt et a mimé un mouvement de lancer, les yeux brillants. Il m’a alors raconté, avec des gestes et quelques mots, le souvenir d’un jouet similaire dans son enfance. L’espace d’un instant, la barrière touriste-marchand avait disparu. Nous étions juste deux hommes partageant un souvenir. Le yoyo avait ouvert une porte que mon appareil photo avait laissée fermée.

Le langage universel du jeu

L’expérience la plus marquante a eu lieu quelques semaines plus tard, dans un petit village du delta du Mékong, au Vietnam. Je m’étais éloigné du groupe pour m’asseoir près d’une rizière. L’endroit était d’une beauté à couper le souffle, mais je me sentais seul, spectateur d’une scène dont je ne faisais pas partie. J’ai sorti mon yoyo.

Une simple figure a suffi. Une tête curieuse est apparue, puis deux, puis dix. En moins de cinq minutes, j’étais entouré d’une dizaine d’enfants du village, leurs visages partagés entre l’étonnement et l’hilarité. Il n’y avait pas de mots, juste le son du yoyo qui file, les « oh ! » de surprise et les rires communicatifs à chaque fois que je ratais une figure. J’ai laissé les plus téméraires essayer, ce qui a mené à un chaos joyeux. Cet après-midi de jeu et de rires, sans un mot échangé, est infiniment plus précieux pour moi que la plus parfaite des photos de cette rizière.

La leçon du fil : trouvez votre propre yoyo

J’ai compris ce jour-là la différence fondamentale entre l’appareil photo et le yoyo. L’appareil photo, bien souvent, crée une distance. Il nous place en position de preneur, d’observateur. Le yoyo, lui, est une offrande. C’est un pont. Par sa simplicité et le petit spectacle qu’il offre, il est une invitation à l’échange, un prétexte à la curiosité. On ne prend rien, on partage un moment de légèreté.

Le yoyo est ici une métaphore. Pour créer des liens authentiques en voyage, il faut offrir quelque chose de soi. Alors, la prochaine fois que vous ferez votre sac, pensez à emporter « votre yoyo ». Ce sera peut-être un carnet à dessin pour croquer une scène et inviter les gens à regarder par-dessus votre épaule. Un simple harmonica pour jouer un air familier. Un jeu de cartes pour improviser un tour de magie. N’importe quel objet ou compétence qui peut servir de catalyseur de rencontres.

Voyagez non seulement pour voir le monde, mais pour vous y connecter. C’est le secret d’un voyage qui ne vous quitte plus, bien après être rentré à la maison.

À propos de l’auteur : Benjamin Monnereau est un consultant en marketing digital et un voyageur passionné, toujours à la recherche de nouvelles façons de créer du lien. Pour découvrir comment il applique les leçons de ses voyages et de son yoyo à son expertise professionnelle, lisez l’article expliquant pourquoi il est connu comme étant Benjamin Monnereau expert seo et expert yoyo.